Un outil d’aide au gardiennage associant un GPS et un accéléromètre, qu’en disent les éleveurs ?

24 éleveurs pastoraux de petits ruminants se sont exprimés à propos des besoins auxquels pourraient répondre des capteurs embarqués sur leurs animaux lors de l’utilisation de surfaces pastorales. Selon eux, les principales fonctionnalités seraient la localisation à la demande, la structuration de l’espace puis, selon les cas, l’aide à la gestion pastorale et l’alerte en cas de comportement anormal.

L’intérêt des parcours dans l’autonomie alimentaire des exploitations et sur la préservation de la biodiversité n’est plus à démontrer. Cependant, le temps et la pénibilité du travail nécessaire à la valorisation de ces espaces constituent une forte contrainte. En région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la forte pression de prédation accentue la menace sur ces espaces. Face à ce constat, les nouvelles technologies peuvent-elles apporter des solutions aux éleveurs dans leur travail sur les parcours ? Introduire de nouvelles fonctionnalités aux éleveurs et aux bergers, et améliorer ainsi l’efficacité de leur travail ? Constituer un soutien à la gestion et à la sécurité des animaux pour les éleveurs qui ne gardent pas ? C’est ce que le projet CLOChèTE (voir encart) se propose d’explorer.

Vers la construction d’un outil d’aide au gardiennage de petits ruminants sur parcours. CLOChèTE identifie avec les éleveurs les fonctions et critères techniques pour qu’un outil utilisant des capteurs embarqués (GPS et accéléromètres) facilite leur travail, en localisant les animaux et caractérisant leur comportement (activité, alertes…). Le projet initie également le développement technologique nécessaire à un tel outil. Trois zones participent à l’étude : Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Occitanie et Pyrénées-Atlantiques. Financé par le Casdar, ce projet piloté par l’Institut de l’Elevage associe le Cerpam, la CRA Occitanie, la CA 64, la ferme expérimentale Carmejane, Montpellier SupAgro, l’ESTIA et Aguila Technologie. Des fiches décrivant GPS et accéléromètres sont disponibles dans l’espace CLOChèTE du site de l’Institut de l’Elevage.

24 éleveurs ont été interviewés au printemps 2017 sur 3 zones et dans 3 contextes d’élevage très différents :

  • 8 sont des éleveurs ovins viande pratiquant le gardiennage sur les Alpes de Haute-Provence et le Var,
  • 9 sont des éleveurs caprins dans l’Aude qui conduisent leurs animaux en lâché dirigé,
  • 7 sont des éleveurs ovins laitiers des Pyrénées-Atlantiques dont les troupeaux sont libres tout l’été en estive.

Ces entretiens avaient pour objectifs de cerner :

  • l’intérêt des éleveurs vis-à-vis de capteurs embarqués pour leurs animaux
  • les besoins auxquels ces équipements pourraient répondre
  • leurs caractéristiques techniques (autonomie, robustesse, ergonomie…)

En ce qui concerne les GPS, 3 fonctionnalités ont été identifiées :

Un GPS pour localiser les animaux…
Que ce soit dans des parcs de grande taille ou en lâcher dirigé, retrouver les animaux en cas de forte pluie, brouillard, sur un relief accidenté ou dans des zones très embroussaillées peut parfois s’avérer difficile. L’ensemble des éleveurs rencontrés y a été confronté sur tout ou partie du troupeau. Ainsi, pouvoir localiser à distance les animaux équipés grâce au GPS correspond à un besoin des éleveurs et éviterait notamment de la perte de temps et du stress.

Un GPS pour structurer l’espace…
Champs cultivés, vignes, habitations, routes, zones propices aux mélanges de troupeaux ou dangereuses (tiques, falaises, prédateurs) … sont autant de lieux ou les éleveurs ne souhaitent pas voir leurs animaux. Délimiter des zones de récupération pour pouvoir intervenir et relancer les animaux est également apparu intéressant aux éleveurs. Pouvoir structurer l’espace en créant des limites et pouvoir être alerté si les animaux les franchissent est la seconde fonction qui pourrait répondre à un besoin de beaucoup d’éleveurs.

Un GPS pour aider à la gestion pastorale…
Les positions envoyées par le GPS à intervalles réguliers vont permettre de visualiser sur une carte le circuit de pâturage des animaux. La mise en mémoire de tous les circuits journaliers contribuera ainsi de repérer l’ensemble des zones où les animaux ont été présents. Pour les éleveurs qui ne gardent pas, cette fonction constitue un vrai plus car elle leur permettrait de pouvoir remplir plus facilement leur carnet de pâturage et également de pouvoir mieux gérer leurs parcours. Pour les éleveurs qui gardent, en particulier ceux qui sont contraints de le faire à cause de la prédation, ce tracé ne présente moins d’intérêt ; étant avec leurs animaux, ils connaissent leurs circuits.

A l’inverse du GPS qui est un outil grand public et dont les éleveurs ont assez facilement imaginé des applications en élevage pastoral, l’accéléromètre et son intérêt sont apparus moins évidents. Deux fonctionnalités ont toutefois été discutées :

L’accéléromètre pour connaitre les activités des animaux
Activité motrice, pâturage, repos … ces comportements peuvent être discriminés par l’accéléromètre en utilisant des algorithmes de traitements de l’information, algorithmes en cours de validation dans le cadre du projet chez les ovins et les caprins. En complément du tracé GPS, les données de l’accéléromètre permettront de repérer les zones où les animaux ont mangé. Comme pour le tracé GPS, l’intérêt exprimé pour cette fonction d’aide à la gestion pastorale est directement lié à la présence ou à l’absence de garde.

L’accéléromètre pour alerter en cas de mouvements anormaux.
Suite à une attaque du troupeau ou à un autre événement perturbateur, le comportement de fuite ou "anormal" pourrait générer une alerte. L’intérêt des éleveurs pour cette fonction est très variable et dépend du contexte. En zone de forte pression de prédation, les éleveurs craignent de recevoir de nombreuses alertes, génératrices de stress et de ne pas pouvoir intervenir à temps

L’analyse des besoins des éleveurs a donc montré que des colliers, placé sur les animaux, associant GPS et accéléromètre pouvaient rendre des services et répondre à leurs besoins. Les contextes régionaux avec en particulier les modes de conduite des animaux et la pression de prédation induisent cependant des intérêts et des attentes un peu différents.
Toutefois, des points restent encore à valider comme la couverture des réseaux de communication sans fil, la durée de vie des batteries, la mise à disposition des données (sur un smartphone, un ordinateur, …) et l’interface de consultation (les données que l’on va voir apparaitre à l’écran), le paramétrage des alertes, …

Pour avancer sur ces différents points, des réunions rassemblant les éleveurs rencontrés au printemps sont prévues à partir de cet hiver (1 par zone). Si vous n’en faites pas partie mais que le sujet vous intéresse, n’hésitez pas à faire remonter vos idées et besoins auprès du Cerpam (lgarde@cerpam.fr).

Nous tenons à remercier l’ensemble des éleveurs ayant accepté de participer à cette enquête.

Plus d’informations : pierre-guillaume.grisot@idele.fr, christine.guinamard@idele.fr, lgarde@cerpam.fr.